L'élégante silhouette Transition de ce bonheur-du-jour, mais surtout ses marqueteries, sont caractéristiques de Charles Topino : vases, théières, tasses, jattes, écritoires et divers ustensiles, ou encore livres et cartes à jouer. Elles s'inspirent probablement des bordures de paravents chinois en laque de Coromandel de l'époque, qui présentent des motifs similaires. Les bonheurs-du-jour de forme ovale comme celui-ci constituent une innovation, due ou non à l'ébéniste, mais qu'il affectionne particulièrement. Le modèle conservé au Musée des Arts Décoratifs, très comparable au nôtre, en est un exemple typique (Inv. 32125). A la manière de ses bonheurs-du-jour, les tables de Topino sont elles aussi souvent marquetées de vases et d'ustensiles, comportant plusieurs petits tiroirs en ceinture.

Ce n'est qu'en 1770, dans l'inventaire du duc de Villars à Marseille, que le terme "bonheur-du-jour" apparaît. Si Topino n'en est pas l'inventeur, il illustre certainement le mieux la créativité et l'imagination de sa production. Notre bonheur-du-jour est d'ailleurs illustré à trois reprises dans l'ouvrage consacré à Charles Topino de Sylvain Barbier Sainte Marie (S. Barbier Sainte Marie, Charles Topino, Paris, 2005, fig. 43 (page de garde), p. 11 fig. 2 et p. 101.)
L'ébéniste en varie les formes, les motifs, mais en conçoit également plusieurs variantes, avec ou sans tablette d'entretoise, galeries supérieures en bronze ou en bois, casiers ou tiroirs sur le gradin, vantaux ou volet coulissant ; frise en bronze ou encore marquetée sur la ceinture. Principalement féminin, à la fois autel de la correspondance et confident, le bonheur-du-jour rencontre un succès considérable durant le dernier tiers du XVIIIe siècle.