Le modèle du Vase du Roy, également nommé Vase du Roy guirlande, vase du Roy rond, ou vase du Roy à festons et fleurs, est sans doute réalisé en 1774 pour célébrer l’accession au trône de France du jeune Louis XVI, comme l’indique son nom et la présence de fleurs de lys. 1 La forme du Vase du Roy a pour source une gravure publiée par Pierre-Elisabeth de Fontanieu (c.1730-1784), intendant et contrôleur général des meubles de la Couronne dans son recueil de gravures intitulé Collection de Vases inventés et dessinés par Mr de Fontanieu, paru en 1770. 2 Les branches de lys sont inspirées du décor d’un vase figurant sur une autre gravure du même recueil (fig. 1 et 2).
En juillet 1775, les registres des travaux des repareurs de la manufacture mentionnent plusieurs vases de cette forme en cours de réalisation. Le roi Louis XVI achète le premier exemplaire en 1775 à 720 livres en garniture avec une paire de vases ferré. Madame Adélaïde fait l’acquisition en 1776 d’un vase du Roy à 600 livres avec deux vases cygnes. Enfin, le 30 avril 1777, le ministre des Affaires étrangères, Charles Gravier, comte de Vergennes, reçoit de la manufacture 2 Vases du Roy Guirlandes à 600 livres chaque, destinés à figurer parmi les porcelaines que Louis XVI offre en présent au frère de Marie-Antoinette, Joseph II. L’Empereur d’Autriche, Joseph II, avait organisé de rendre visite au Dauphin et à la Dauphine en 1774, mais la mort de Louis XV avait retardé ce projet. Ce n’est qu’en mai 1777 que Joseph II rencontre le couple royal à Versailles sous le nom de comte de Falkenstein. Louis XVI offre à son beau-frère un présent de porcelaine de Sèvres comprenant un important service à fond vert, fleurs et fruits, deux pots à oille et deux terrines épis en or, un vase gobelet riche en or, deux vases à têtes de boucs, deux vases Bachelier 1e grandeur et les deux vases du Roy Guirlande. Ce présent, d’un montant total de 43.764 livres est ensuite délivré au comte Mercy d’Argenteau, ambassadeur de France à Vienne afin qu’il le présente au nom de Sa Majesté à l’Empereur, Cte de Falkenstein. Les terrines et les vases Bachelier, toujours aujourd’hui conservés au Palais de Hofburg, sont également, comme nos vases, décorés en or sur le fond blanc.
Seuls cinq autres vases de cette même forme sont aujourd’hui connus. Aucun de ces vases ne possède de couvercle. Malgré la présence d’un couvercle sur le modèle en plâtre conservé à la manufacture de Sèvres, Rosalind Savill suggère que le vase du Roy n’en était pas pourvu.8
Un vase à fond blanc décoré en or, les médaillons à fond or et non burgos, est conservé à Uppark,9 Angleterre, un vase à fond beau bleu décoré de fleurs est conservé à la Wallace Collection10, en garniture avec une paire de vases Adélaïde aujourd’hui à Harewood House, Angleterre. Cette garniture est probablement achetée par Madame Adélaïde en 1777. Un vase à fond bleu céleste décoré de trophées, est conservé à la Hungtington Library, San Marino, Californie, U.S.A.11 Enfin, une autre paire de vases du Roy à fond beau bleu décorés de trophées, datés 1776 est au musée national de Céramique de Sèvres, également candidats comme ayant figuré parmi les présents de Louis XVI à Joseph II.12
1 Rosalind Savill, The Wallace Collection, Catalogue of Sèvres Porcelain, Londres, 1988, vol. I, n° C328, pp. 423-428.
2 John Whitehead, The Use of Engravings for Sèvres Vase Design in the late Eighteenth Century, The French Porcelain Society, XIV, 1999, pp. 8-10.
3 Arch. Sèvres, Cité de la Céramique, Va 2 et Va 3
4 Arch. Sèvres, Cité de la Céramique, registre des ventes, Vy6, f° 116r
5 Arch. Sèvres, Cité de la Céramique, registre des ventes, Vy6, f° 128r
6 Arch. Sèvres, Cité de la Céramique, registre des ventes, Vy6, f° 207v
7 Dorothée Guillemée-Brulon, « Les Grands Services de Sèvres, Le service de Joseph II » L'Estampille¸ n° 158, juin 1983, pp. 32-42 par David Peters, Sèvres Plates and Services of the 18th Century, 2015, Vol. III, n° 77-6, pp. 577-579).
8 Shelley M. Bennett, Carolyn Sargentson, Jeffrey Weaver, French Art of the Eighteenth Century at the Huntington, New Heaven et Londres, 2008, page 242, note 9.
9 Anthony du Boulay, « French Porcelain at Uppark, a Re-Assessment », French Porcelin Society 15 (2000), fig. 9.
10 Rosalind Savill, op. cit., n° C328, pp. 425-428.
11 Shelley M. Bennett, Carolyn Sargentson, Jeffrey Weaver, op. cit , page 239-242.
12 Helena Dahlbäck Lutteman, Antoinette Hallé, Tamara Préaud, Porslin fran Sèvres, catalogue d’exposition Stockholm, Oslo, Bergen, 1982, n° 75