Le motif central de ce tableau délicat provient d’un dessin attribué à Raphaël (1483-1520) actuellement conservé au Louvre (no. inv. 3949) qui correspond à une peinture perdue ou jamais réalisée par le grand maître ombrien. Au XVIIe siècle, le dessin appartient au collectionneur et homme d’affaires Everhard Jabach (1618-1695) qui le vend en 1671 au roi Louis XIV (1638-1715).
C’est grâce à Philippe de Champaigne (1602-1674) que la composition prend une nouvelle envergure. L’artiste d’origine brabançonne adapte le modèle de Raphaël pour créer un petit tableau aux couleurs éclatantes. Cette œuvre, vendue chez Christie’s à New York en 2012 (lot 33, adjugé $ 578,500), est une réinterprétation du dessin, que Champaigne conçoit jusqu'aux plus infimes détails, chaque feuille aux pieds de la Vierge, chaque pli de ses drapés, chaque élément du paysage étant soigneusement exécutés.
Le tableau de Champaigne connaît un grand succès dans le milieu artistique vers 1660. Additionnellement au tableau ci-présent, qui est presque impossible à distinguer de celui de Champaigne, nous connaîssons au moins une autre version, aujourd’hui conservée au Nationalmuseum de Stockholm (no. inv. NMDrh 284).
Pour le tableau suédois, une attribution à Jean-Baptiste Corneille (1649-1695) a été proposée (voir S. Ferrari, 'Copying from the Old Masters. Raphael “à la française”: The Holy Family with a Sparrow and its Copies by Philippe de Champaigne and Jean Baptiste Corneille', Art Bulletin of Nationalmuseum Stockholm, XXVII, 2, 2020.) Deux gravures d’après l’œuvre de Champaigne existent également, l’une par Gilles Rousselet (1610-1686) et l’autre par Jean Alix (né en 1615).
Fait qui souligne l’importance du tableau à l'égard de l’œuvre de Champaigne, l’original se trouve dans l’inventaire après décès de l’artiste : 'n. 22, Item, une copie d’une petite Vierge où Saint Jean présente un oyseau à Nostre Seigneur après Raphaël, prisé 60 l.' (M. Vasselin, Raphaël et l’art français, Paris, 1983, pp. 217-281, sous le n°319).