En 1843, dans un contexte de multiplication des commandes publiques visant à forger une mémoire nationale unifiée, la Direction des Beaux-Arts initie un ambitieux programme consacré aux grandes figures féminines de l’histoire de France. Trente-six statues sont ainsi commandées pour orner les terrasses du jardin du Luxembourg, conçues comme un pendant féminin au chantier versaillais À toutes les gloires de la France, lancé en 1836 par le roi Louis-Philippe.
C’est dans ce cadre qu'en 1845 François Rude reçoit la commande d’une statue de Jeanne d’Arc. L’intérêt pour cette figure historique avait déjà connu un renouveau au XVIIIe siècle avec la publication du poème satirique La Pucelle d’Orléans de Voltaire en 1756, puis un véritable regain de ferveur sous la Restauration, qui marque sa redécouverte comme héroïne nationale. Incarnation du patriotisme et de l’inspiration divine, Jeanne d’Arc devient, au XIXe siècle, une figure clé du roman national.
Plutôt que de l’illustrer en guerrière ou en sainte, Rude choisit de la figurer à l’instant de l’appel mystique : la jeune fille attentive, la main gauche portée à l’oreille, tendue vers l’invisible, écoute les voix divines qui vont bouleverser son destin.
Le succès critique de l’œuvre, exposée en plâtre au Salon de 1852, ainsi que son sujet nouvellement très apprécié et également la notoriété de Rude, sollicité pour de nombreux projets publics majeurs, expliquent l’édition en bronze de cette sculpture et sa diffusion commerciale.