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Ne prends pas ça pour une menace, mais pour un simple avis.

ALLAIS, Alphonse (1854-1905). Lettre autographe signée à Rodolphe Salis. Sans lieu ni date [circa septembre 1886]. 2 pages in-12 (210 x 130 mm) sur un double feuillet. Encre brune sur papier.
Pliures anciennes.

Dans cette lettre acerbe, Alphonse Allais ne prend pas la peine de cacher son agacement contre le patron du Chat noir. Alors qu’Allais et Auriol en prennent la direction, le premier étant rédacteur en chef, Salis souhaite rester directeur : « Ton idée de reparaître comme directeur en tête du Chat Noir, est un enfantillage qui m’étonne d’un grand garçon comme toi. […] Moi, je me fiche des titres et des grandeurs, mais je ne me fiche pas du ridicule, et je ne supporterai pas, pour une puérilité de cette taille, de disparaître de la manchette après 15 jours d’exercice […] Tu sais bien qu’on ne peut pas vendre quelque chose et en rester le patron tout de même. Ton entêtement à reprendre le titre de directeur semblerait indiquer que tu ne tiens plus à vendre. En ce cas, tu serais bien gentil de nous en aviser tout de suite Auriol et moi... »

Allais menace Salis d’abandonner l’achat du Chat noir et de créer un journal concurrent : « Tu verrais alors au bout d’un mois ou deux ce que vaudrait ton canard. D’autant plus qu’on ferait annoncer le nôtre dans tous les journaux de Paris et de province et qu’on débuterait avec des dessins de Caran, de Willette, de Steinlen et autres… »

Very acid letter to Rodolphe Salis, about his plans to stay at the helm of the weekly magazine Le Chat Noir.
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Lot Essay

Mon cher Salis

Ton idée de reparaître comme directeur en tête du Chat Noir, est un enfantillage qui m’étonne d’un grand garçon comme toi.
Est-ce que tu timagines, par exemple, que les gens attachent tant d’importance à la manchette dun journal, ou même quils la lisent.
Moi, je me fiche des titres et des grandeurs, mais je ne me fiche pas du ridicule, et je ne supporterai pas, pour une puérilité de cette taille, de disparaître de la manchette après 15 jours dexercice.
Crois-moi, les choses sont assez embrouillées comme ça, ne les embrouillons pas davantage.
Dailleurs, n’est-ce pas entendu que tu dois nous céder le journal à la fin du mois ?
Tu sais bien qu’on ne peut pas vendre quelque chose et en rester le patron tout de même.
Ton entêtement à reprendre le titre de directeur semblerait indiquer que tu ne tiens plus à vendre.
En ce cas, tu serais bien gentil de nous en aviser tout de suite Auriol et moi, car les 5000 mille francs qu’on met à notre disposition pour acheter et faire marcher le Chat seraient aussi bien employés à en faire un autre, combinaison qui sourit mieux que l’autre, à notre commanditaire.
Je ne te cacherai pas quen ce cas, je n’aurais aucun scrupule à déménager toute la rédaction, Auriol, Gaudillet en tête.
Tu verrais alors au bout dun mois ou deux ce que vaudrait ton canard. Dautant plus qu’on ferait annoncer le nôtre dans tous les journaux de Paris et de province et qu’on débuterait avec des dessins de Caran, de Willette, de Steinlen et autres.
Ne prends pas ça pour une menace, mais pour un simple avis.
Je ne comprends pas, quand la situation est si simple, que tu prennes plaisir à la compliquer ainsi.
Poignée de main à toi et respects à Madame Salis.
A. Allais.

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