Ton idée de reparaître comme directeur en tête du Chat Noir, est un enfantillage qui m’étonne d’un grand garçon comme toi. Est-ce que tu t’imagines, par exemple, que les gens attachent tant d’importance à la manchette d’un journal, ou même qu’ils la lisent. Moi, je me fiche des titres et des grandeurs, mais je ne me fiche pas du ridicule, et je ne supporterai pas, pour une puérilité de cette taille, de disparaître de la manchette après 15 jours d’exercice. Crois-moi, les choses sont assez embrouillées comme ça, ne les embrouillons pas davantage. D’ailleurs, n’est-ce pas entendu que tu dois nous céder le journal à la fin du mois ? Tu sais bien qu’on ne peut pas vendre quelque chose et en rester le patron tout de même. Ton entêtement à reprendre le titre de directeur semblerait indiquer que tu ne tiens plus à vendre. En ce cas, tu serais bien gentil de nous en aviser tout de suite Auriol et moi, car les 5000 mille francs qu’on met à notre disposition pour acheter et faire marcher le Chat seraient aussi bien employés à en faire un autre, combinaison qui sourit mieux que l’autre, à notre commanditaire. Je ne te cacherai pas qu’en ce cas, je n’aurais aucun scrupule à déménager toute la rédaction, Auriol, Gaudillet en tête. Tu verrais alors au bout d’un mois ou deux ce que vaudrait ton canard. D’autant plus qu’on ferait annoncer le nôtre dans tous les journaux de Paris et de province et qu’on débuterait avec des dessins de Caran, de Willette, de Steinlen et autres. Ne prends pas ça pour une menace, mais pour un simple avis. Je ne comprends pas, quand la situation est si simple, que tu prennes plaisir à la compliquer ainsi. Poignée de main à toi et respects à Madame Salis. A. Allais.
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