BLOY, Léon (1846-1917), Lettre autographe signée. 4 septembre 1897

Inutile de dire que nous nous entendons à merveille sur le sujet des « bons catholiques ». Leur politique, je l’ai dit ailleurs, est de livrer à l’ennemi leurs meilleurs soldats après les avoir couverts d’ordures, &, certes ! il n’a tenu qu’à moi de devenir, par désespoir, le plus dangereux & le plus rugissant ennemi de l’Église.

BLOY, Léon (1846-1917). Lettre autographe signée à Yves Berthou. Grand-Montrouge, 4 septembre 1897. Une page in-12 (175 x 113 mm) sur un feuillet. Encre noire sur papier.
Pâles petites taches sans gravité.

Léon Bloy écrit ici à Erwan « Yves » Berthou, poète breton, pour lui envoyer quelques lignes à faire paraître, probablement dans La Trêve de Dieu. Cette revue confidentielle, créée en 1897 par l’écrivain régionaliste, ne parut pas plus d’une année. Ces lignes annonceront la parution du Mendiant ingrat (effectivement publié en 1898). Bloy l’assure de leur accord au sujet des « bons catholiques », qu’ils détestent tous deux et qui l’ont livré à l’ennemi alors qu’il était l’un de « leurs meilleurs soldats ». « Quelques lignes de vous me vengeraient un peu de ces bandits qui me conspuent & m’utilisent, & contre lesquels je ne peux espérer aucun recours…»

Letter sent to poet Erwan "Yves" Berthou, dealing with the "Good catholics".

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Lot Essay

2 cité Rondelet, Grand-Montrouge (Seine)
4 septembre 97

Mon cher monsieur Yves Berthou,

Je suis très heureux d’avoir pu vous donner quelque chose qui vous plaise, en retour de ce que vous avez fait pour moi. Inutile de dire que nous nous entendons à merveille sur le sujet des « bons catholiques ». Leur politique, je l’ai dit ailleurs, est de livrer à l’ennemi leurs meilleurs soldats après les avoir couverts d’ordures, &, certes ! il n’a tenu qu’à moi de devenir, par désespoir, le plus dangereux & le plus rugissant ennemi de l’Église.
Voulez-vous me rendre le service de publier, en même temps que la lettre sur le Bazar, la lettre ci-contre, restée naturellement sans réponse ? Elle sera insérée dans le « Mendiant ingrat », à moins que mon éditeur belge n’ait quelque objection insurmontable, & ce serait pour vous une occasion d’annoncer ce livre dont la publication est désormais assurée.
Quelques lignes de vous me vengeraient un peu de ces bandits qui me conspuent & m’utilisent, & contre lesquels je ne peux espérer aucun recours.
Affectueusement
Léon Bloy
Comment avez-vous pu croire que je comptais sur une rétribution quelconque ? Les riches seuls doivent payer.