Monsieur, J’ai lu hier, avec un vif plaisir, dans le recueillement d’une après-midi de campagne, le volume que vous m’avez envoyé. J’ai été très sincèrement frappé de l’accent personnel et ému, et de la largeur biblique de la forme. Vous avez su rajeunir quelques grandes et familières images : je me suis ressouvenu parfois, en vous lisant, de la traduction des Psaumes de Corneille. Ce que j’aime peut-être le mieux (puisque vous me permettez de vous parler aussi ouvertement) c’est la VIe prière où je trouve un accent très personnel dans un thème très religieux et très large sur la douleur. J’aime beaucoup aussi les larges et vaillantes stances de la page 19. C’est une tentative hardie que vous avez faite là, Monsieur, une poésie qui n’a presque rien de naturaliste, j’entends par là qui ne chante presque jamais la nature pour elle-même. Vous avez pénétré l’univers tout entier d’un souffle moral et salubre. C’est dans notre temps de panthéïsme banal et d’impressionnisme, un essai presque audacieux et [mot illisible] je vous félicite bien sincèrement, au courant d’une plume très occupée, d’avoir réussi. Votre œuvre sera, je crois, une part sincère et durable de l’immense effort de renouvellement religieux et moral qui marque notre temps. Agréez, Monsieur, avec mes remerciements, mon meilleur sentiment. Jean Jaurès
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« Tendrement Vôtre » - Lettres et manuscrits autographes d'auteurs français XIXe-XXe siècles