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Et vous, avec vos robes de satin amaranthe et vos capotes printanières, ne me négligez-vous pas aussi ?

MUSSET, Alfred de (1810-1857). Lettre autographe signée « Alfd Mt » à Caroline Jaubert. Sans lieu ni date, « Mardi » [cachets postaux à la date d’avril 1838 et date du 24 avril ajoutée au crayon, d’une autre main].

2 pages et demie in-8 (185 x 120 mm) sur un feuillet remplié avec suscription et cachets postaux. Encre brune sur papier.
Traces de pliures.

Amusante et spirituelle lettre à Caroline Jaubert, l’une des correspondantes avec lesquelles sa plume se montre la plus alerte et la plus libre. Après quatre vers de potache, faussement offensé, le poète retourne à son amie les reproches indus qu’elle lui adresse : « Vous dîtes que je vous néglige, Madame, et bien – non !!! Je suis allé vous voir dimanche, oui dimanche, et pour vous punir d’être sortie j’avais résolu de vous laisser ignorer éternellement. Mais vos injustes reproches m’arrachent mon secret car je sens malgré moi que je suis né faible et sensible… »
« Non, vous n’êtes pas venue me voir, et cependant j’étais sorti aussi. Vous ai-je accusée, moi, d’indifférence pour mes mercredis, ou pour mes jeudis, ou même pour mes vendredis ? Jamais, et pourtant j’en avais le droit, car c’est en vain que vous savez que je joue incognito de plusieurs instruments, vous ne viendriez seulement pas faire avec moi un petit duo sur la flûte – et vous osez m’accuser ! Jugez, madame, & comparez. L’honnête homme offensé et méconnu sait se taire… »

Funny and witty autograph letter signed by Musset to Caroline Jaubert.

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荣誉呈献

拍品专文

Monsieur de la Verdrillete
Qui a si mal à la tête,
Avalez des primeurs
Par ordre du Docteur.

Vous dîtes que je vous néglige, Madame, et bien non !!! Je suis allée vous voir dimanche, oui dimanche, et pour vous punir d’être sortie j’avais résolu de vous laisser ignorer éternellement. Mais vos injustes reproches m’arrachent mon secret car je sens malgré moi que je suis né faible et sensible. Il nest que trop vrai que j’ai été vous voir et que je ne vous ai pas trouvée, et la preuve c’est que je suis allé ensuite voir la Princesse & que je l’ai trouvée. Qu’avez-vous à dire maintenant ? Vous ajoutez l’outrage à l’injustice lorsque vous me dîtes que peu m’importe que ce soit mercredi votre dernier concert, vous me contestez vraiment un goût éclairé pour les arts que tout le monde se plaît à reconnaitre et qui nest pas le moindre ornement dont jaie su membellir avec modestie.
Et vous, avec vos robes de satin amaranthe et vos capotes printanières, ne me négligez-vous pas aussi ? Mavez-vous fait la moindre visite dimanche ? Non, vous n’êtes pas venue me voir, et cependant j’étais sorti aussi. Vous ai-je accusée, moi, d’indifférence pour mes mercredis, ou pour mes jeudis, ou même pour mes vendredis ? Jamais, et pourtant jen avais le droit, car cest en vain que vous savez que je joue incognito de plusieurs instruments, vous ne viendriez seulement pas faire avec moi un petit duo sur la flûte et vous osez maccuser ! Jugez, madame, & comparez.
L’honnête homme offensé et méconnu sait se taire. Je najoute plus quun mot, c’est à vous de m’entendre, et ce mot, le voilà :
Non, madame, non, je ne suis pas si bête que vous croyez, ni même que jen ai lair.
Complimens selon la formule
Alfd Mt
Mardi [date du 24 avril 1838 ajoutée au crayon, d’une autre main]

Suscription : Madame / Madame Jaubert / 15 tue Taitbout. Cachet de cire et cachets postaux

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