Cet éléphant en serpentine incarne l’engouement pour les objets en pierres dures qui ornent les intérieurs des amateurs du XVIIe siècle au début du XIXe siècle. En attestent certaines collections célèbres comme celle du duc d’Aumont qui marque l’apogée de cette mode et dont la vente en 1782 voit les clients prestigieux acheter massivement, à l’instar de Louis XVI et Marie-Antoinette. Ces objets en pierres dures sont créés en majorité dans des ateliers italiens à partir de pierres antiques remployées ou modernes tirées des carrières italiennes ou étrangères. Ce marché est soutenu par le développement du « Grand Tour » en Italie. Les ateliers fournissent aux voyageurs éclairés nombre d’objets dont les modèles sont souvent antiques. La création de la salle des animaux aux musées du Vatican sous Pie VI (1775-1799) rappelle la vogue pour les animaux sculptés dès l’Antiquité, dont l’éléphant, visible notamment souvent sur les sarcophages à iconographie bachique.
L’éléphant le plus célèbre d’Italie est alors celui imaginé par le sculpteur et architecte Bernin à la demande du pape Alexandre VII (1655-1667) pour le piédestal d’un obélisque pour la Piazza Santa Maria sopra Minerva à Rome. Représenté debout, la tête tournée et désignant de sa trompe les armes de la famille du pape, les Chigi, cet éléphant aurait pu servir de modèle au sculpteur de notre version en serpentine. Cette réduction est plus naturelle, car le sculpteur n’a pas eu à se soucier du poids de l’obélisque, qui avait contraint Bernin à serrer les jambes de l’animal et ajouter sur son dos une structure semblable à un howdah ou palanquin. Les clients potentiels pour ce genre d’objet pouvaient sans doute comprendre la référence à Bernin et plus largement à Rome. La sculpture fait partie des monuments célèbre de la ville comme le prouvent les guides de l’époque qui l’évoquent. Ainsi, Dominique Magnan, dans son guide La ville de Rome ou Description abrégée de cette superbe ville publié en 1778, décrit l’œuvre de Bernin : « Un obélisque égyptien, élevé en 1667, par Alexandre VII, sous la direction du Bernin, qui l’a placé sur le dos d’un éléphant de marbre, exécuté par Ferrata […] L’éléphant qui le porte est placé sur un piédestal et d’une très belle proportion par rapport à l’obélisque ».
La provenance prestigieuse de ce rare pachyderme évoque le goût de deux importantes familles, les Schneider et les Cossé-Brissac. Fondée en 1836 par les frères Adolphe et Eugène Schneider au Creusot, la compagnie Schneider se spécialise tout d’abord dans les activités minières et sidérurgiques avant de se diversifier, devenant un groupe international. L’hôtel particulier parisien dit hôtel de La Ferronnays, acheté en 1900 par Eugène II Schneider (1868-1942) au 34 cours-Albert Ier, a été construit au milieu du XIXe siècle. L’architecte Ernest Sanson réalise pour la famille des transformations encore visibles dans ce lieu qui accueille l’ambassade du Brésil depuis 1971. Outre la Verrerie au Creusot, la famille reçoit également au château d’Apremont racheté à la famille de l’épouse d’Eugène, Antoinette de Rafélis de Saint-Sauveur. L’éléphant fait ensuite partie des collections de leur fille Marie-Zélie dite May (1902-1999) qui épouse Pierre de Cossé, 12e duc de Brissac (1900-1993). Le couple réside à Paris mais également dans leur château de La Celle-les-Bordes dans les Yvelines, hérité de la duchesse d’Uzès, grand-mère de Pierre de Cossé-Brissac, dont la décoration a été immortalisée par les aquarelles d’Alexandre Serebriakoff. Leur fille Marie-Pierre de Cossé-Brissac (1925-2024), agrégée de philosophie et écrivaine, recueille ensuite la sculpture.
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Collections: provenant des familles Cossé-Brissac, d'Ormesson, La Bédoyère et divers amateurs
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