Los Desastres de la Guerra : Coleccion de ochenta laminas inventadas y grabadas al agua fuerte por Don Francisco Goy. Publicala la R! Academia de Nobles Artes de San Fernando. Madrid : La Real Academia de Nobles Artes de San Fernando, 1863.

GOYA Y LUCIENTES, Francisco de (1746-1828)
Los Desastres de la Guerra : Coleccion de ochenta laminas inventadas y grabadas al agua fuerte por Don Francisco Goy. Publicala la R! Academia de Nobles Artes de San Fernando. Madrid : La Real Academia de Nobles Artes de San Fernando, 1863.

Édition originale.
À l’origine de cette série de gravures, parmi les plus célèbres de l’oeuvre de Goya, se trouve l’invasion de l’Espagne par les troupes napoléoniennes et la prise de pouvoir de Joseph Bonaparte, qui est nommé roi par Napoléon le 10 mai 1808. Les quelques mois que dure la guerre d’Espagne sont d’une violence inouïe, marqués du sceau des guérillas et de l’escalade de représailles.
Cette série de gravures se démarque des Caprichos dont les scènes empruntaient au registre fantastique, par sa manière de dépeindre sans fard la réalité de la guerre subie par la population espagnole. Dans les Desastres, Goya se place en artiste-témoin – dans la lignée des Misères de la Guerre de Jacques Callot (1633) et préfigurant les travaux d’Otto Dix (Der Krieg, 1924). Le titre de l’une des planches, « Yo lo vi » (« Je l’ai vu »), affirme cette posture. Aux antipodes d’une héroïsation guerrière, son travail de graveur se nourrit aussi de sa peinture : deux planches de la série (2 et 26) présentent des compositions qui ne sont pas sans évoquer El Tres de Mayo en Madrid, peint en 1814.

Les Désastres sont en réalité composés de trois mouvements, trois thématiques principales qui correspondent d’ailleurs à l’ordre dans lequel Goya a dessiné les planches : la guerre, les violences subies par les populations et la barbarie des combats ; puis la famine qui décime Madrid entre l’été 1811 et août 1812. Le troisième mouvement voit Goya s’éloigner du récit factuel pour se rapprocher du symbolisme des Caprichos : réalisées entre 1813 et 1820, les dernières estampes de la suite dépeignent l’Espagne d’après-guerre, théâtre d’un absolutisme particulièrement répressif, de l’Inquisition et de la censure.
Là se trouve probablement l’explication des décennies qui séparent l’achèvement de la suite de gravures et leur publication, qui se fait d’ailleurs à titre posthume, en 1863.
Peut-être par crainte de la censure et de terribles conséquences que pourraient provoquer ces aquatintes, Goya avait confié ses cuivres originaux ainsi qu’un nombre infime de premières épreuves d’essai, à son fils Javier, sans les publier, avant de quitter l’Espagne, embarquant pour Bordeaux à l’été 1824. Les plaques sont conservées à l’abri des regards jusqu’à la mort de Javier, en 1854.
Ces matrices ont ensuite été vendues en 1862 à l’Académie de San Fernando, qui fait paraître l’édition originale en 500 exemplaires l’année suivante. Pour concevoir cette édition, l'Académie s'est appuyée sur l'un des deux seuls recueils imprimés du vivant de l'artiste : l'exemplaire que Goya a offert à son ami, le critique d’art Juan Agustín Ceán Bermúdez. Le titre de cet exemplaire, particulièrement éloquent, est : "Fatales consequencias de la sangrienta guerra en España con Buonaparte. Y otros caprichos enfáticos" (« Les conséquences dramatiques de la sanglante guerre menée en Espagne avec Bonaparte. Et autres caprices emphatiques »). Prudemment, l'Académie de San Fernando lui préfère "Los Desastres de la Guerra", plus allusif et moins direct, alors que Napoléon III est au pouvoir et conserve des liens forts avec l'Espagne.
Delteil, 120–199 ; Harris, I, pp. 139-150 et cat. 121-200

Exemplaire en condition d'origine, préservé en cahiers à couverture de papier jaune numérotée.

8 fascicules in-4 oblongs (347 x 253 mm). Brochés, sous leurs couvertures jaunes originales et la doublure de papier blanc, portant le numéro du fascicule (sauf le premier volume). Suite complète des 80 gravures de Goya (eau-forte, aquatinte, burin, pointe sèche et brunissoir) sur papier vélin aux filigranes décrits par Harris, J.G.O [Pour José Garcia Oseñalde] et une palmette (Harris, I, p. 440), ou sans filigrane. Bien complet du feuillet de titre sur papier vergé avec filigrane « El Arte en España », et du feuillet avec le texte introductif sur papier vélin, sans filigrane. Second état, avec les corrections décrites par Harris. Tirage à 500 exemplaires. Emboîtage moderne par Galván. (Quelques manques aux couvertures, parfois déchirées. Reports)

First edition, this copy in its original condition, preserved in numbered yellowed-covered quires.