Conçue en laque rouge rare et ornée de délicates montures de feuillages et de rochers, cette commode exceptionnelle incarne parfaitement la fascination pour l’Orient et le goût pour les objets exotiques qui prévalaient sous le règne de Louis XV. Ce meuble est représentatif du luxe créé par les marchands-merciers parisiens de l’époque, qui jouissaient d’un privilège unique : celui d'importer des panneaux de laque orientale qu’ils apposaient sur des meubles d’ébénisterie européenne de la plus haute qualité.
Les commodes en laque rouge sont rares. Citons cependant le fameux corpus d'oeuvres exécutées par B.V.R.B., probablement livrées par le marchand-mercier Lazare-Duvaux entre 1754 et 1758. Deux pièces de ce groupe étaient autrefois dans le Grand Salon de l’Hôtel de la Rochefoucauld-Doudeauville, rue de Varenne à Paris, et ont été vendues aux enchères chez Sotheby’s, Monaco, le 15 juin 1996, lots 132 et 133. Une troisième pièce est actuellement conservée au Getty Museum (inv. 72.DA.46), et une quatrième figure dans les collections du Musée des Beaux-Arts de Dijon.
Un candidat potentiel pour le marchand-mercier à l'origine de cette commande pourrait être Lazare Duvaux. Les journaux de Duvaux, datant de 1748 à 1758, mentionnent plusieurs commodes en laque rouge ou vernis Martin ornées de décorations "aux pagodes". Bien que ces commodes aient des dimensions plus grandes que celle-ci, leur prix de 720 livres indique qu’il s’agissait de pièces de grande valeur.
Une autre commode en laque rouge de proportions similaires, réalisée par Jacques Dubois, a été vendue chez Sotheby’s à Londres le 13 décembre 2000, lot 130. Par ailleurs, un autre exemplaire signé Matthieu Criaerd, fourni à Marie-Josèphe de Saxe, Dauphine de France, pour son cabinet de retraite au château de Fontainebleau, a ensuite fait partie de la collection de la Comtesse d'Artois, sœur de Louis XVI, avant d’être vendu chez Christie’s, New York, le 24 mai 2001, lot 208.